En 1984, Lee Iacocca, le patron de Chrysler de l' époque, souhaite créer une voiture de grand tourisme de prestige afin de revaloriser l' image de la marque (Chrysler se trouvait au bord de la faillite à la fin des années 70 et Iacocca, arrivé à la tête du groupe à ce moment-là, avait été obligé de vendre les filiales européens du groupe - dont l' ex-groupe britannique Rootes ainsi que la marque française Simca - et, en plus de cela, de solliciter l' aide de l' Etat américain pour renflouer les caisses).
Pour cela, il décide de nouer un partenariat avec un partenaire européen et fait alors appel, pour cela, à Alejandro De Tomaso. En plus de la marque de voitures de sport qui porte son nom, celui-ci est également, à l' époque, à la tête d' un groupe industriel regroupant, notamment, la marque Maserati (qu' il a racheté à Citroën en 1975) et la marque Innocenti (une ancienne filiale italienne du groupe anglais British Leyland, spécialisée dans les petites voitures citadines). L' idée de Iacocca étant d' allier les capacités de conception et de production ainsi que le vaste réseau de ventes du groupe sur tout le territoire américain à l' image de prestige de Maserati, ainsi qu' à son expérience dans la finition des voitures haut de gamme.
Si Iacocca à décidé de faire appel à De Tomaso pour ce projet, c' est que les deux hommes se connaissent bien. Ils ont fait connaissance au début des années 70, au temps où le premier travaillait chez Ford (C' est à Lee Iacocca que l' on doit la création de la Mustang et de la GT 40) et où le second venait d' obtenir de Ford la fourniture de moteurs V8 pour équiper sa nouvelle voiture de sport, la Pantera.
Le projet est dévoilé au public dès 1985. Le concept initial, baptisé d' abord "Q-coupe", puis "SC" ou "Sport Coupe Built by Maserati" se présente sous la forme d' un coupé qui doit être équipé d' un moteur Turbo 16 soupapes conçu par De Tomaso. Toutefois, bien qu' une brochure de cinq pages sur le projet soit imprimée à l' attention des actionnaires et des concessionnaires, peu de détails sur la future voiture sont en fait révélés dedans.
Le programme prévoit que 75% des éléments de la voiture soit fabriqués en Italie, les carrosseries, les châssis et les moteurs étant expédiés depuis les Etats-Unis. Les pneus Michelin venant, eux, de France, la boîte de vitesse manuelle Getrag (optionnelle) d' Allemagne et le câblage électrique d' Espagne. D' autres pièces proviennent également de Grande-Bretagne et du Mexique. Une vraie "voiture internationale" !
Bien que le lancement soit, au départ, prévu pour 1987, les retards et les reports vont très vite s' accumuler. Ceci, à cause des retards ainsi que des décisions changeantes de De Tomaso. Ce dernier ayant, en effet, décidé de procéder à l' assemblage de la voiture au sein de l' usine Innocenti de Lambrate, près de Milan, faute de place suffisante chez Maserati. Laquelle, vue son activité première, n' étant pas du tout l' expérience de la construction de ce genre de voitures, doit être équipée et réorganisée à la hâte.
Malgré le lancement ajourné, la direction de Chrysler, une nouvelle documentation sur la future Chrysler-Maserati, est distribuée, cette fois à l' attention du grand public, au Salon de l' auto de Chicago en 1988, avec un numéro gratuit pour obtenir des informations complémentaires sur la voiture. Ce n' est d' ailleurs qu' à la fin de cette année-là que le premier chargement des éléments de la voiture provenant des usines Chrysler arrive en Italie. L' idée de faire de la Chrysler-Maserati un coupé a, entretemps, été abandonnée au profit d' un cabriolet. D' où la désignation TC pour baptiser le modèle, celle-ci signifiant "Touring Convertible".
Fin janvier 1989, l' annonce du début de la production et de la commercialisation de la Chrysler TC by Maserati - son nom de baptême complet - est enfin dévoilée. Pour renforcer le caractère "exclusif" du nouveau modèle, un courrier, signé par le vice-président de Chrysler, Joseph Campana, en personne est adressé aux clients potentiels, avec un formulaire de livraison prioritaire qui doit compléter par les destinataires et réexpédier avant la fin du mois de février à l' un des 312 concessionnaires Chrysler qui ont été sélectionnés pour la vente de ce modèle de prestige.
Toutefois, et d' emblée, l' enthousiasme du public n' est pas au rendez-vous. En plus du fait que la voiture, tant par sa ligne que par ses dimensions ou ses performances, se révèle bien inférieure au résultat que faisait espérer l' important battage publicitaire fait par la marque autour d' elle, elle va aussi souffrir de la concurrence interne d' un autre modèle similaire, qui se positionne donc au même niveau de gamme qu' elle, la Le Baron. Lassé des retards incessants du partenaire Italien, le service commercial de Chrysler, après avoir fait pression sur la direction, avait obtenu qu' un autre modèle de voiture grand tourisme soit mis à l' étude. Cette fois entièrement assemblé au sein des usines de la marque et qui, lorsque la Chrysler TC Maserati fait enfin son apparition, a été commercialisée il y a déjà plus d' un an.
Ressemblant trop à la Le Baron (elle apparaît aux yeux du public comme en étant une simple version raccourcie), bien plus chère (due à son processus d' assemblage, partagé entre les Etats-Unis et l' Europe) et n' offrant que deux places (alors que la Le Baron en propose quatre)… Avec autant de casseroles qu' elle traînait derrière elle, on comprend qu' elle n' ait pas provoquée de ras-de-marée chez les concessionnaires !
Chrysler espérait en vendre entre quatre et cinq mille exemplaires par an… Il ne sera produit, au final, que 7 300 exemplaires environ, avant que, fin 1991, Chrysler décide finalement d' arrêter les frais. Les concessionnaires furent d' ailleurs contraints de vendre les derniers exemplaires au deux tiers voir à la moitié de leur prix de vente initial !